Une petite fille vêtue d’un manteau rouge errant dans le
décor noir et blanc d’un ghetto. Cette scène du film de Steven Spielberg est la
première image qui m’a traversé l’esprit lorsque j’ai entendu les propos tenus
par Robert Ménard lors de son passage sur le plateau de Mots croisés sur France
2.
La petite fille fait quelques apparitions, apportant une touche de couleur dans la
noirceur du film. Cette particularité lui confère une identité propre, mais
elle cesse réellement d’être un élément du décor lorsque seul son manteau, apparait au sommet d’une charrette
transportant des cadavres au crématorium. L’effet de l’horreur est d’autant
plus conséquent, lorsque celle-ci est insinuée, d’une part et surtout lorsque
l’on sait qu’il s’agit d’une partie de l’Histoire, romancé certes, mais bien
réelle.
L’intervention de Robert Ménard au sujet de ce qu’il appelle « le problème avec l’immigration » et
qu’il a justifié à travers le chiffre
précis de « 64,6% d’enfants
musulmans dans les écoles de sa ville » a sonné comme un aveu à
demi-mot. Par quel billet est-il arrivé à ce pourcentage ? Une liste ? Elle serait en tout cas d’un
autre registre que celle de Schindler, sacré juste parmi les nations. Cet homme
avide de profit à finit par se tourner vers l’amour de son prochain, et a
réussi à sauver 1200 juifs durant la seconde guerre mondiale. Robert Ménard,
lui, suit le chemin inverse, créateur de journalistes sans frontière, il fait à
présent l’apologie de la xénophobie. Il mérite amplement d’être proclamé
« injuste parmi les nations » !
Le chiffre qu’il a
donné rend compte non seulement de la facilité avec laquelle il a procédé à la
stigmatisation onomastique de jeunes enfants, mais aussi d’un désir de confiner
ces élèves dans une sphère ethnique et religieuse imperméable à la société dans
laquelle ils évoluent, pis encore, nocive pour ceux qui la côtoient.
Et si cette fille au manteau rouge s’appelait Malika, et si
elle errait dans les rues d’un Béziers encerclé par les troupes d’une armée
islamophobe. Ce serait un bon sujet de roman d’anticipation me direz-vous. Oui
mais…et si l’Histoire se répétait ?
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