dimanche 17 mai 2015

La liste de Ménard

Une petite fille vêtue d’un manteau rouge errant dans le décor noir et blanc d’un ghetto. Cette scène du film de Steven Spielberg est la première image qui m’a traversé l’esprit lorsque j’ai entendu les propos tenus par Robert Ménard lors de son passage sur le plateau de Mots croisés sur France 2.
La petite fille fait quelques apparitions,  apportant une touche de couleur dans la noirceur du film. Cette particularité lui confère une identité propre, mais elle cesse réellement d’être un élément du décor lorsque seul son manteau,  apparait au sommet d’une charrette transportant des cadavres au crématorium. L’effet de l’horreur est d’autant plus conséquent, lorsque celle-ci est insinuée, d’une part et surtout lorsque l’on sait qu’il s’agit d’une partie de l’Histoire, romancé certes, mais bien réelle.  
L’intervention de Robert Ménard au  sujet de ce qu’il appelle « le problème avec l’immigration » et qu’il a justifié à travers  le chiffre précis de « 64,6% d’enfants musulmans dans les écoles de sa ville » a sonné comme un aveu à demi-mot. Par quel billet est-il arrivé à ce pourcentage ?  Une liste ? Elle serait en tout cas d’un autre registre que celle de Schindler, sacré juste parmi les nations. Cet homme avide de profit à finit par se tourner vers l’amour de son prochain, et a réussi à sauver 1200 juifs durant la seconde guerre mondiale. Robert Ménard, lui, suit le chemin inverse, créateur de journalistes sans frontière, il fait à présent l’apologie de la xénophobie. Il mérite amplement d’être proclamé « injuste parmi les nations » !
Le chiffre  qu’il a donné rend compte non seulement de la facilité avec laquelle il a procédé à la stigmatisation onomastique de jeunes enfants, mais aussi d’un désir de confiner ces élèves dans une sphère ethnique et religieuse imperméable à la société dans laquelle ils évoluent, pis encore, nocive pour ceux qui la côtoient.
Et si cette fille au manteau rouge s’appelait Malika, et si elle errait dans les rues d’un Béziers encerclé par les troupes d’une armée islamophobe. Ce serait un bon sujet de roman d’anticipation me direz-vous. Oui mais…et si l’Histoire se répétait ?  

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